Après le plébiscite de son précédent roman Rien ne s’oppose à la nuit qui raconte l’histoire bouleversante de de sa mère bipolaire, Delphine de Vigan traverse une grosse période de doute. Comment rebondir après un tel succès? Quel thème aborder? Doit-elle écrire à partir du réel ou écrire une pure fiction? Delphine de Vigan se pose toutes ces questions et doit affronter de cruelles lettres anonymes qui l’accusent d’avoir bâti sa réussite sur les cendres de sa mère suicidée. Pas moins de quatre années s’écouleront entre Rien ne s’oppose à la nuit couronné du Goncourt des lycéens et D’après une histoire vraie, prix Renaudot et Goncourt des lycéens 2015.
En préambule du roman, des enfants qui quittent le nid, un compagnon (François Busnel pour ne pas le nommer) aspiré par ses émissions littéraires, de nombreuses invitations à des salons littéraires et dédicaces qui la vident : la narratrice double de l’auteur se retrouve seule pour faire face à un début de dépression. Une femme entre dans sa vie : un personnage appelé L tout au long du roman. Elle deviendra sa plus proche amie ; une amie qui brouille des repères aux contours déjà floutés. L. fait le vide autour de la narratrice pour mieux occuper l’espace et nous voilà embarqué dans un thriller psychologique au sein duquel Delphine de Vigan sème des détails autobiographiques facilement vérifiables. Le jeu de piste est ouvert.
D’après une histoire vraie est de la veine des romans haletants de Stephen King. On pense à Misery, ce roman porté à l’écran dans lequel un célèbre écrivain est séquestré par une admiratrice qui exige qu’il remanie son texte. Où donc le tourbillon de ce coup de foudre amical mènera la narratrice? L’histoire est haletante, oppressante comme dans un film d’Hitchcock. Difficile pour le lecteur de démêler le réel de la fiction. Impossible de ne pas se demander si Delphine de Vigan elle-même n’a pas été manipulée par L. Mais l’essentiel est ailleurs : une parfaite maîtrise de l’intrigue qui nous tient en haleine de bout en bout. Une sacrée réussite !
Joëlle BAH
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